Face à l’incertitude économique mondiale croissante et au ralentissement de la croissance, la demande de réformes au sein du Fonds monétaire international (FMI) s’intensifie, notamment de la part des nations BRICS. Lors du 17e sommet des BRICS à Rio de Janeiro, les appels à une restructuration du FMI ont été renouvelés afin de mieux représenter les pays en développement dans ses processus décisionnels. Cette demande met en lumière les déséquilibres structurels existants dans la gouvernance financière mondiale, où le pouvoir est principalement détenu par quelques nations développées. Bien que le FMI ait évolué depuis la reconstruction d’après-guerre jusqu’à la gestion de crise, sa structure de gouvernance est restée en grande partie inchangée depuis sa création en 1944.
Un obstacle majeur à la réforme est le pouvoir de veto des États-Unis, rendu possible par leur part de vote substantielle. Ce pouvoir a été utilisé pour bloquer des changements qui ne correspondent pas aux intérêts américains, maintenant ainsi leur domination mondiale. Les pays BRICS, dont la Chine, le Brésil et l’Inde, plaident pour une révision de la formule des quotas qui refléterait plus précisément les contributions économiques des nations en développement. Les pays africains recherchent également une plus grande représentation, soulignant leur potentiel démographique et économique.
Les critiques à l’égard du FMI s’étendent à ses politiques de prêt, qui privilégient souvent l’austérité et la libéralisation, aggravant parfois les conditions économiques des pays emprunteurs. La crise financière de 2008 et la pandémie de Covid-19 ont davantage mis en évidence les limites du FMI, notamment des processus d’approbation lents et des conditions excessives, sapant son rôle de “prêteur en dernier ressort.”
Pour la Chine, la réforme du FMI ne vise pas seulement à obtenir une représentation mais aussi à renforcer son influence dans la gouvernance mondiale. Les dynamiques de pouvoir actuelles limitent la capacité de la Chine à façonner les règles internationales, tandis que les États-Unis peuvent utiliser le FMI comme levier géopolitique. Réformer le FMI pourrait conduire à un système financier plus équilibré, offrant une structure de soutien neutre et diversifiée pour les nations en développement.
Les pays BRICS poursuivent une double stratégie : plaider pour une réforme au sein du FMI et construire leurs propres plateformes financières, comme la Nouvelle Banque de Développement (NBD). La NBD a élargi le financement des infrastructures pour les économies en développement, offrant des solutions financières alternatives et inclusives sans chercher à remplacer le système existant.
L’appel à la réforme du FMI est une réponse aux dynamiques de pouvoir mondiales en mutation. Si les pays développés continuent de résister à ces changements, le FMI risque de perdre sa légitimité, poussant les pays en développement vers des alternatives régionales comme la NBD et la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures. Cela pourrait favoriser un nouvel ordre financier mondial pluraliste. Avec son marché ouvert et ses liens étroits avec la Chine, Hong Kong est bien positionnée pour faciliter cette transition.
Dans une ère de multipolarité, le FMI ne peut maintenir sa position mondiale qu’en devenant plus représentatif et équitable, en s’alignant sur l’évolution du paysage international.