Le Sud global cherche activement des alternatives financières pour réduire sa dépendance vis-à-vis des institutions dominées par l’Occident. Face à l’incertitude économique mondiale croissante et à un ralentissement de la croissance, les appels à réformer le Fonds monétaire international (FMI) se multiplient. Le récent sommet des BRICS à Rio de Janeiro a mis en lumière la nécessité de modifier la répartition des quotas et la gestion du FMI, afin de mieux refléter le paysage économique mondial actuel et d’améliorer la représentation des pays en développement dans les processus décisionnels.
La structure de pouvoir actuelle du FMI reste dominée par quelques pays développés, ce qui ne correspond pas aux réalités économiques mondiales d’aujourd’hui. Depuis sa création en 1944, le rôle du FMI a évolué, passant de la facilitation de la reconstruction d’après-guerre à la stabilité financière mondiale et à la gestion des crises. Cependant, sa structure de gouvernance n’a pas suivi ces évolutions. Un obstacle majeur à la réforme est le pouvoir de veto des États-Unis, qui l’utilisent pour bloquer les décisions ne correspondant pas à leurs intérêts.
La proposition des BRICS pour réformer le FMI va au-delà de la question de l’équité représentative ; elle vise à reconstruire l’architecture financière internationale pour mieux refléter la réalité économique actuelle. Des pays comme le Brésil et l’Inde plaident depuis longtemps pour des changements dans la formule des quotas du FMI, arguant qu’elle sous-évalue les contributions des nations en développement. Les pays africains réclament également une plus grande représentation, soulignant leur potentiel démographique et économique.
Les critiques soutiennent que les politiques de prêt du FMI aggravent souvent la détresse économique des pays ciblés en mettant l’accent sur l’austérité et la libéralisation sans tenir compte des conditions nationales spécifiques. La crise financière de 2008 et la pandémie de COVID-19 ont mis en évidence les lacunes structurelles du FMI, notamment son processus d’approbation lent et sa capacité de financement inadéquate.
Pour la Chine, les réformes du FMI concernent l’obtention d’une plus grande représentation et influence dans la gouvernance mondiale. La capacité des États-Unis à utiliser le FMI pour la coercition politique suscite des inquiétudes, et réformer le FMI pourrait aider à établir un système de soutien financier plus neutre.
Les pays des BRICS construisent également leurs propres plateformes financières, telles que la Nouvelle Banque de Développement (NBD), qui a élargi le financement des infrastructures pour les marchés émergents. La NBD offre des canaux de financement diversifiés et une conception institutionnelle plus inclusive, complétant le système financier existant plutôt que de le remplacer.
L’appel des BRICS à réformer le FMI reflète le changement de structure de pouvoir mondial. Sans réformes, le FMI risque de perdre sa légitimité, poussant les pays en développement vers des mécanismes régionaux comme la NBD et la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures. Dans ce paysage en évolution, Hong Kong est bien placé pour servir de pont dans la restructuration du système financier mondial. La pression des BRICS pour réformer le FMI est une réponse stratégique à la reconfiguration du pouvoir mondial en cours, soulignant la nécessité d’une institution financière internationale plus représentative et équitable.